La série, toujours ouverte, des “dessins libres” naît de ces croquis, esquissés sur le coin d’une table, un bout de papier, qui, de manière automatique et par glissement des formes et des contenus, finissent par remplir la feuille d’une histoire sans réels débuts ni fins.
Réalisés de manière “automatique”, à la manière d’une écriture surréaliste, les dessins libres d’Yveline Tropéa suivent donc un chemin sans dessein, si ce n’est au gré des associations que produit la main et l’esprit poétique de l’artiste.
Puis, en choisissant de les agrandir, de les reproduire sur la toile, et de les broder, elle reprend en main cette spontanéité dans un travail d’une grande précision, leur donnant une autre dimension, une valeur nouvelle. Seul ou en série, chaque dessin, à l’esthétique parfois proche d’un certain “art brut”, en devient doublement précieux, par son caractère unique autant que par le raffinement simple du fil brodé.
Enfin, certains dessins prennent encore une toute autre dimension, lorsque l’artiste agrandit encore l’image, procède, parfois, à un montage, rappelant ici aussi les collages dada ou surréalistes, et fait appel au perlage, une autre de ses techniques récurrentes.
Colorées, impressionnantes par leurs dimensions comme par le traitement hors norme du dessin, les œuvres perlées d’Yveline Tropéa débordent d’un onirisme débridé, comme seul un esprit libéré de toute rationalité peut produire, et nous plonge dans un univers particulier, parfois non dénué d’une certaine violence mais jamais exempt d’une puissante vitalité.
Marie Deparis-Yafil