Manière teintée d’humour, et de tendresse aussi, de dire la fugacité et la fragilité de la vie, Yveline Tropéa opère un vaste syncrétisme, croisant antiques « Memento Mori » et vanités chères à la peinture classique. Dans ses vanités contemporaines, certaines scènes rassemblant dans un joyeux fouillis un carnaval de squelettes, d’animaux et de fleurs, lui sont inspirées des gravures de la fin du 17e siècle du Thesaurus Anatomicus Primus de Frederic Ruysch mais rappellent aussi la familiarité quasi-festive que la culture et l’art mexicains entretiennent avec la mort, les calaveras de Posada, autant que le surréalisme, dans cette « nécessité poétique » de maintenir la conscience de la finitude au cœur de l’existence.
Dans une époque de prohibition de la vieillesse, de la maladie et de la mort, où triomphe l’apparence d’une peau toujours lisse masquant illusoirement l’anthropophagie du temps, il y a quelque chose de poignant et d’émouvant dans l’oeuvre d’Yveline Tropéa, ne serait-ce que dans cette manière profondément sincère et élégante, fière et déterminée, d’en découdre en couleurs avec la grandeur misérable de la condition humaine.
Marie Deparis-Yafil